Jusqu’au 1er décembre, la Villette accueille le Nouveau Cirque du Vietnam et sa dernière création, Teh Dar.
Si vous pensez être un sacré acrobate parce que vous rattrapez toujours la tartine avant que la confiture ne s’étale sur le parquet, si vous trouvez que vous êtes super sportif.ve car un biceps se profile après une vingtaine de pompes, si vos petits cousins vous appellent le dragon quand vous les épatez en passant le doigt à travers les bougies, voici un conseil d’amie : n’allez surtout pas voir Teh Dar. L’égo n’y survit pas.
Teh Dar, qui signifie « tourner en rond autour du feu » dans la langue des K’ho, une ethnie minoritaire vietnamienne, est le troisième spectacle du Nouveau Cirque du Vietnam. Et comme son titre l’indique, il nous propulse au coeur des rituels anciens de la région, notamment grâce à l’omniprésence d’un feu de camp en bord de scène. Costumes, chants, perches de bambous, on reconnaît immédiatement les éléments de la culture traditionnelle vietnamienne. Mais cette dernière s’incarne avant tout dans la performance époustouflante d’une quinzaine d’acrobates qui ne laisse pas un instant de répit au spectateur, rythmée par cinq musiciens. Bref, ce n’est pas parce que c’est traditionnel que c’est ennuyeux, au contraire.
Le premier rang n’est pas recommandé aux petites natures : du brasier qui projette le public dans les arômes et les lumières des rituels K’ho aux bambous longs de plusieurs mètres sur lesquels se balancent les acrobates, on a sérieusement de quoi se demander si on est toujours sous le chapiteau de la Villette (et si on va pas se prendre un petit uppercut de bambou au passage…). Mais les pirouettes qui s’enchaînent, toujours plus risquées, captivent tellement l’œil qu’on ne peut détacher le regard de l’histoire. Or ce que raconte Teh Dar, c’est une succession d’épisodes de vie : un jeune couple qui se promène au bord de la rivière, le règne animal comme fondement de la civilisation, la récolte du riz…
Dans un jeu de masques hypnotisant, les acrobates retracent une civilisation qui nous est complètement étrangère, avec ses célébrations, ses rites et surtout, ses croyances. Entre les pyramides qui semble toucher la pointe du chapiteau et le rythme effréné des musiciens, on ne sait plus où donner de la tête ; ce spectacle est un voyage.
On retiendra également le superbe travail de la régie qui ajoute une dimension tantôt mystique, tantôt extatique aux numéros, et capte chaque pose comme s’il s’agissait d’une peinture louvresque. Malheureusement, Teh Dar est déjà hors d’affiche… Il ne reste plus qu’à attendre une ou deux années pour découvrir la future programmation du Nouveau Cirque du Vietnam, et d’ici-là, n’hésitez pas à suivre les actus de Kulturiste qui vous a concocté tout un mois de décembre sur le thème de l’Asie !
Axelle Place